À Thaï humaine

En janvier 2025, j’ai traversé la Thaïlande du nord au sud, des temples dorés de Chiang Mai aux îles ourlées de sable fin du sud. Et un détail m’a frappé au moins autant que les paysages de carte postale : la place essentielle des femmes dans la vie économique du pays, omniprésentes dans les marchés, les restaurants, et bien au-delà.

Dès l’aube, ce sont elles qui donnent le rythme aux marchés. À Bangkok, à Chiang Mai et ailleurs, elles manient le couteau avec une dextérité fascinante, épluchent, découpent, emballent, toujours en mouvement. Derrière les étals colorés, elles négocient avec une fermeté tranquille, habituées au ballet incessant des clients et des touristes intrigués.

Le soir venu, elles sont encore là. À la tête des restaurants de rue, elles jonglent entre les woks fumants et les commandes pressées. Ce sont elles qui nourrissent la Thaïlande, qui transforment chaque coin de trottoir en une table ouverte, où l’on se régale pour quelques bahts d’une cuisine qui semble couler dans leurs veines.

Mais leur présence ne s’arrête pas aux marchés et aux cuisines. Sur les routes, elles conduisent des taxis, des tuk-tuks, transportent des cargaisons à moto, défiant la frénésie du trafic bangkokois. Sur les chantiers, elles bâtissent aux côtés des hommes. Dans les rizières du nord, ou sur les plages du sud, elles avancent les pieds dans l’eau, silhouette inclinée sous un ciel brûlant, perpétuant des gestes millénaires.

Ce que ces scènes racontent, c’est une Thaïlande que l’on ne voit pas toujours dans les guides : une terre façonnée par ces femmes, infatigables, essentielles, qui portent à bout de bras un pays en perpétuel mouvement.